Les Nations Unis ont récemment estimé que la population sur la surface du globe serait de 9 milliards de personnes à l’horizon 2050….soit une augmentation de près de 40% par rapport à la situation actuelle. Simultanément, d’ici 2050, les projections font apparaitre que 80% des habitants de la planète seront des citadins.
L’extension des villes, ainsi que leur densification, vont engendrer des problèmes logistiques et de sécurisation alimentaire. Avec des fermes de plus en plus éloignées des centres ville, des temps de transports rallongés et un risque accru du développement de la monoculture intensive, la question de l’agriculture urbaine va se faire de plus en plus pressante dans les années à venir et des ébauches de solutions sont en cours.
A Berlin, le projet ZFarm pour une agriculture dans, sur et au-dessus des habitations
Consommer et produire durablement sont au centre du projet mené actuellement dans la ville de Berlin, sur toute cette réflexion d’une agriculture urbaine, de qualité et proche des consommateurs. L’idée directrice du projet ZFarm (pour symboliser l’idée de « zéro superficie agricole utilisée ») est de transférer dans la ville les technologies et connaissances en matière d’agriculture, afin d’assurer aux citadins des produits frais idéalement cultivés par eux-mêmes.
Sous l’égide du ministère allemand de l’enseignement et de la recherche, les organismes qui travaillent sur ce projet ont mis en place des actions incitants les citadins à cultiver leurs propres fruits et légumes dans la ville. Par ailleurs, ils ont également répertorié, au moyen d’une cartographie, des projets similaires qui avançaient dans le monde, permettant ainsi un partage d’expérience.
(pour info, sur les planches, on retrouve ce slogan "On peut planter un autre monde ...")
Résultat.... à Berlin, il n’est pas rare de trouver ces potagers citadins, aussi bien sur les toits que dans les jardins. De même, la ville intègre dans la mesure du possible des espaces de culture dans ses propres bâtiments. Suivant les résultats enregistrés, il sera envisageable ou non de décliner ces initiatives dans d'autres villes et ainsi, de rapprocher au maximum production et consommation, et de limiter l'exploitation de nouvelles surface agricoles.
Cependant, la question de la qualité des fruits et légumes se pose dans la mesure où une étude menée il y a quelques années par la TU (Technische Universität) de Berlin, montrait justement que suivant les emplacements des jardins urbains, les fruits et légumes urbains pouvaient être pollués assez fortement par des métaux lourds.
Ce constat devrait nous faire comprendre plus encore que la qualité de l’air en ville est un véritable enjeu de santé publique … d'autant plus que les villes vont de plus en plus souvent intégrer cette dimension agricole dans leurs développements.
Alors que le projet de recherche allemand se base plutôt sur une agriculture « classique » et traditionnelle, un projet suédois a pris l’option de l’agriculture hydroponique.
Plantagon : un projet de recherche d’envergure au travers d'une serre haute de 60 mètres !
La première serre verticale, de 60 mètres de haut, va être prochainement construite à Linköping, en Suède. Ce projet, soutenu par le gouvernement suédois et de nombreuses entreprises, a pour objet de répondre aux questions qui se posent à l’avenir sur les surfaces agricoles disponibles et le rapprochement entre les consommateurs et les lieux de productions.
L'approche est très ambitieuse et se veut comme un véritable laboratoire de recherche. Dans le même bâtiment de 60 mètres de haut, une partie sera réservée aux bureaux, à un centre de recherche et l’autre, donc, à la production de fruits et légumes.
L’approche hydroponique a été retenue
La culture hydroponique permet de cultiver des fruits et légumes, tout au long de l’année, non pas dans de la terre mais dans un substrat (par exemple des billes d’argile), avec une alimentation en eau contenant des sels minéraux. Cette méthode permet de cultiver dans un espace restreint, un grand nombre de plantes qui donnent rapidement un meilleur rendement. Par ailleurs, pour une question de poids, le choix de la culture hydroponique a été retenu, compte tenu de la hauteur du bâtiment et de la difficulté à amener et travailler la terre en hauteur.
Dans le bâtiment, l’eau, la lumière ainsi que la qualité de l’air seront contrôlés en permanence et le projet a pour ambition de recycler les déchets produits tout au long de la fabrication des fruits et légumes. L’objectif est de mettre en place un véritable éco système permettant d’alimenter en chaleur le bâtiment grâce aux déchets produits, de recycler l’eau et d’assurer une qualité de l’air irréprochable.
L’idée à Linköping est de tester la production de légumes verts, essentiellement dans un premier temps du chou chinois ou pak choï…. (inutile de vous dire que pour l’instant, ce sont surtout les grandes villes asiatiques qui regardent très attentivement cette expérience !). A terme, la question se posera de savoir qui vend la production de fruits et légumes : coopératives, entreprises, des fermiers-citadins qui piloteraient le projet…
Cette démarche particulièrement intéressante, car menée à grande échelle, avec des laboratoires de recherche et des universités, soulève malgré tout un certain nombre de questions : le recours aux énergies fossiles pour la gestion du bâtiment (et l’on sait que plus les bâtiments sont hauts, plus ils sont énergivores), le recours aux énergies fossiles pour le mode de culture, la qualité des futurs fruits et légumes ou encore le coût de production même des fruits et légumes !
Il n’empêche, que ce soit la démarche ZFarm de Berlin, ou celle de Plantagon en Suède, il ressortira très certainement de ces études menées des pistes possibles pour assurer dans un avenir proche la production de fruits et légumes de qualité en ville.
Bien évidemment, je vais suivre avec beaucoup d’attention ces initiatives et si vous aussi, vous connaissez de tels projets, n'hésitez pas à les partager !